La souffrance

Sentir les liens se resserrer.

Mes jambes me menaient seul, sans que j’ai le moindre besoin de réfléchir jusqu’à ma chambre. Elles étaient intelligentes et connaissaient le chemin parfaitement. Jusqu’à la porte, le fauteuil, le bureau. Assis dans le grand siège, les pieds sur la table, je regardais autour de moi, tout était à sa place, tout allait parfaitement, les bonnes avaient fait le ménage et… Et il y avait pourtant une chose, une enveloppe blanche cachetée d’un sceau que je connaissais.
Et tout me revint en un instant. Le froide journée d’hiver. La honte. Il avait trouvé les mots juste. Les mots blessants, humiliants pour un conseiller. Il m’avait publiquement défié. Il avait eu sa récompense.
Lentement s’enfoncer, pénétrer et voler la pureté, faire mal, par derrière par-devant, humilier, détruire, psychologiquement et physiquement, et enfin découper.
Il avait reçu le lendemain le corps de sa fille, séparé en sept colis différents, chacun venus à une heure de la journée. Il n’avait eu que ce qu’il méritait. Pourquoi son sceau ? Cette histoire appartenait au passé.
La vengeance engendre la vengeance, une autre âme plongée dans le cycle infini.

Sentir son sang dégouliner.

Citation :

On dit que tu as une mémoire exceptionnelle Kaito ? Hé bien tu dois te souvenir de moi, mais on ne sait jamais, peut être devrais je raviver ma mémoire.
Ma vengeance sera terrible, tu m’as pris ma fille, à mon tour je te prendrai tout ce que je pourrai.
Fukisagi Jin.

Sentir sa conscience partir en fumée.

Là un grincement, je me retourne. Alors qu’a t’il décidé de faire ? Par quoi va il commencer ? Je m’apprête au pire. Me dirigeant vers mon armoire, je cherche mes sabres, mes poignards.
Disparus.

Sentir la mort sa régaler.

Je regarde la porte fixement, comme si j’avais à la détruire par le regard. Alors ? C’est ça la peur ? Soudain le faisceau de lumière qu’elle laisse passer s’élargit, la porte s’ouvre.
Alors ?

« Oh… Toi. »

Seras-tu là tout au long de ma vie ?
Promis.

Tu l’avais promis.

Le roi n’avait pas accepté la torture de son conseillé, ne voulait-il pas se le mettre à dos ou ne remarquait-il tout simplement pas cet égocentrisme évident ? Qu’importe à présent ce n’était pas que ma vengeance personnelle, c’était aussi celle d’un client. Et client voulait dire mission, oh client voulait aussi dire argent, mais ça, je m’en foutais complètement. Je n’avais pas lu la lettre, je savais simplement que le client en question prévenait le conseiller de ce qui l’attendait. En posant la lettre je n’avais absolument rien dérangé dans les appartements du conseiller, prenant soin de ne laisser aucune trace et de lui retirer toute arme. Oh je n’avais pas peur d’un homme armé mais on ne sait jamais. Après tout, tout était calculé à présent. Je portais un corset, un pantalon de cuir noir et des bottes. Une chemise noire pour me couvrir les épaules. La porte s’ouvrait et je le voyais. Ses yeux. Il ne s’attendait pas à me voir. Je plongeais mon regard dans le sien. Pourquoi avais-je toujours l’impression de voir Kaito ? Je détestais cette impression. La froideur m’envahissait peu à peu, comme on me l’avait si bien appris. Je laissais tomber ses armes que je portais à la main et qu’il avait cherchées. Je le voyais s’approcher, sans doute pour les attraper.

« J’ai toujours haïs ce métier, passer pour la sorcière et non pas la magnifique princesse. »
Dis-je avec un faux air boudeur.

Je posais deux doigts à l’arrière de sa nuque et le faisait automatiquement fléchir en avant. Je ne lui laissais pas le temps de réagir et mes mains liaient les siennes à l’aide de menottes. Les cordes avaient trop souvent prouvé leur manque de résistance. Je reculais ensuite d’un pas et me penchais vers lui, posant mes lèvres dans son cou, sortant délicatement ma langue contre sa peau. Je sentais son goût sucré. Je posais un cachet sur ma langue, lui laissait quelques secondes pour se dissoudre et embrassais avec précision l’endroit que j’avais humidifié. Pour l’instant il devait prendre ça pour un geste terriblement désireux de son corps, mais il ne tarderait pas à sentir le résultat. La peau qui semble brûlé. Les cicatrices. Je me levais et buvais un verre de vin pour m’éviter tout risque. M’asseyant sur le canapé, je l’observais silencieusement.

Une apparition à la fois si simple t si théâtrale à mes yeux. Alors c'était aussi simple que ça. J'allais être torturé par ma sœur alors même que je la retrouvais, engagée par une vieille connaissance. Lorsque l'on sème le vent, il faut se préparer à récolter la tempête dit-on. Enfin soit. A vrai dire je n'avais pas peu d'elle, mais j'avais peur, j'avais peur de la souffrance, La souffrance physique, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas goûté, et les cicatrices sur mon corps étaient bien vieilles à vrai dire. Mes mains tremblèrent quelques secondes à vrai dire, mais j'arrivais à les arrêtait et m'approchait de mon bourreau. D'ailleurs oui, allait elle me tuer ? C'était surement par cela que 'homme voulait qu'elle finisse, et a vrai dire, me sentirais je soulager ? Non, pas vraiment, je ne voulais pas partir sans m'être vengé, sans avoir pris ma revanche sur le monde. Je laissais tomber ma chemise au sol et laissais paraître sur ma bouche un grand sourire. Mais cette théâtralité, ce goût du spectacle devait se révéler pitoyable, ridicule, alors même que je m'avançais vers la souffrance.

"Ouais ouais, je connais ça aussi"

Laissais je tomber dans le silence glacé qui avait suivi la phrase de la jeune femme. Je n'essayais même pas d'attraper mes armes, cela serait tentative inutile. Et je savais une chose, je ne mourrais pas. Je ne pouvais pas mourir, si je pouvais encaisser la souffrance en me contrôlant, et je le ferai car il était bien trop dangereux pour moi de me transformer et que je ne supportais pas cet état et encore moins celui qui suivait, je savais que le vampire en moi ne me laisserais pas mourir.

"Et bien, vous voulez faire ça ici ?"

Je regardais mes propres poignards, toute une collection, de toutes sortes et de toute forme, la cheminée allumée, les tisons ardents, ma propre ceinture. Et les menottes qui entravaient mes mains ? Cela était allé vite mais je n'avais déjà plus de moyen de me défendre, enfin soit. Et que faisais sa langue contre ma peau, que cherchait elle ? Vicieuse et malsaine, tout comme son frère ? Elle m'embrassait à l'endroit précis ou sa langue avait humidifié ma peau, mais que voulait elle ? Pourquoi maintenant partait elle, tout allait trop vite, et je ne sa saisissais plus rien. Soudain je commençais à sentir une chaleur glaciale envahir mon cou. ça brulait, ça brulait atrocement.

"Arrête ça."

ça faisait mal, plus mal que les tortures traditionnelles, celles qui pour certaines m'avaient laissé ces cicatrices sur le corps. Merde ça brule.

"ARRÊTE!"

Je tombais à genoux et serrais les dents pour ne pas hurler, en vain, le hurlement de douleur s'échappa tout de même de mes lèvres.